
La Hongrie et son bassin mythique de Szeged accueillent cette semaine (31 août – 4 septembre 2022) les Championnats du monde juniors de course en ligne. Tom Derrey (C1 500 m et C1 1000 m) et Victor Flament (C2 500 m et C2 1000 m avec l’Auxerrois Nathan Jeannest) sont de la partie en compagnie de Tony Lalet, entraineur du club qui fait partie du staff fédéral junior.
L’objectif pour eux est d’entrer dans le top 15 mais les progrès réalisés lors des stages de cet été devraient leur permettre de viser «plus haut ». Tom Derrey et Victor Flament font partie de l’équipe EDF-ASL qui permet à de nombreux athlètes depuis plus de 30 ans de briller au niveau international. Ils sont également membres de la section sportive canoë-kayak du lycée Gambetta à Arras après avoir débuté le canoë kayak au sein de la section sportive du collège Verlaine. Nous les avons rencontrés avant leur départ.
Tom Derrey, originaire de Normandie
Au contraire de la plupart des sociétaires du club, Tom Derrey n’est pas originaire de l’Arrageois… Mais c’est quand même un pur produit de l’ASL. Originaire de Saint-Aubin-lès-Elbeuf (Seine-Maritime), il arrive dans le Pas-de-Calais au bénéfice d’une mutation professionnelle des parents. Lui qui pratiquait l’athlétisme et le football, veut découvrir autre chose. La section sport du collège Verlaine lui en donne l’occasion sachant qu’il est obligatoire de prendre une licence à l’ASL. Au début, il continue à jouer au foot tout en faisant du canoë mais pour être performant, il faut choisir. Encouragé par Tony Lalet, il s’investit vite, préférant le canoë au kayak dans lequel il a du mal à tenir assis. Dès lors, il se fixe un premier objectif : participer aux championnats de France minimes où il termine 3e en canoë monoplace. La suite est assez classique. Le travail assidu lui permet de progresser et de gravir les échelons jusqu’à être sélectionné pour disputer les Olympic Hopes… « On n’est pas en équipe de France mais on court pour la France » dit Tom Derrey qui est alors cadet 2e année.
Championnats du monde et Olympic Hopes
Ses débuts internationaux sont encourageants : 4e en C1 200 m, 4e en C2 500 m, 5e en C2 200 m et 9e en C1 1000 m, l’Auxerrois Nathan Jeannest étant son équipier en canoë biplace. Un an plus tard, Tom Derrey a encore franchi un cap… Cette fois, il est bien en équipe de France, avec les juniors. 12e des championnats d’Europe sur le C1 1000 m en juin dernier, il est également sélectionné pour les championnats du monde qui auront lieu à Szeged. Il y disputera le C1 1000 m et le C1 500 m, course bonus qui lui permettra d’engranger de l’expérience avant de participer la semaine suivante, aux Olympic Hopes où il espère bien décrocher une médaille. Car Tom Derrey a bien l’intention de briller dans les années qui viennent. Déjà il se projette sur ce qu’il fera l’année prochaine : junior 2, avec un an de plus, il cherchera à entrer en finale et pourquoi pas décrocher une médaille : « L’année prochaine dira si j’ai le niveau à l’international ». Et si c’est le cas, s’il arrive aussi à concilier le sport et les études, il misera sur le long terme : championnats d’Europe, du monde, Jeux olympiques… Tom ne s’interdit rien d’autant qu’il sait être soutenu par sa famille « qui pousse toujours, même quand j’ai envie de me mettre en pause ». Pour l’heure, le secret de sa réussite est d’avoir l’école à côté de son lieu d’entraînement : le collège Verlaine hier ; le lycée Gambetta aujourd’hui. À la fin de l’année, il y aura le baccalauréat avec l’idée d’accéder à une école d’ingénieur dans le BTP : « On verra ça l’année prochaine ». D’ici là, il y a encore bien des étapes à franchir et des heures à passer à l’entraînement : à Saint-Laurent, en stage (les États-Unis en octobre) et parfois à Louviers, en Normandie, là où vit son père et où le club lui prête un bateau quand c’est nécessaire. Avec Tony Lalet « qui nous pousse toujours à aller plus loin » et Loïc Léonard, l’un des ténors du club, qui lui prodigue de judicieux conseils, Tom Derrey se sent en confiance : condition indispensable pour continuer à progresser.
Victor Flament : la course en équipage
À l’inverse de Tom Derrey, Victor Flament (qui a un an de plus et ne peut plus participer aux Olympic Hopes) a toujours vécu dans l’Arrageois. Habitant de Bailleul-Sire-Berthoult (comme un certain Thomas Simart), son parcours dans le canoë-kayak est néanmoins sensiblement le même. Après avoir fait de l’athlétisme et du cirque, il rejoint l’ASL en même temps qu’il entre à la section sport du collège Verlaine où il est admis après des tests concluants. Encore benjamin, il se met au canoë où «on est surélevé par rapport à l’eau avec un sentiment de glisse extraordinaire». Minime, il dispute les championnats de France de la catégorie. Cadet, il endosse le maillot de l’équipe de France pour les Olympic Hopes. Junior 1, il dispute les championnats d’Europe et les championnats du monde.
Cette année 2022, Victor Flament est à nouveau en bleu-blanc-rouge. Associé à son tour à Nathan Jeannest, il est engagé en biplace sur le 1000 m et sur le 500 m qui a sa préférence. Et pas seulement parce que c’est la distance olympique: «c’est la distance qui me convient le mieux». Stressé mais prêt à en découdre, il a beaucoup travaillé en stage : à Cessons (avant les championnats d’Europe) et Garlédan, petit village breton où, avec Tony Lalet et Nathan Jeannest, il a effectué de nombreux réglages pour peaufiner le plan de course et les détails de calage à l’aide de la vidéo.
Victor Flament qui se verrait bien en C2 500 m aux Jeux de Los Angeles (2028), se donne lui aussi corps et âme à son sport. Il a même décidé de passer son baccalauréat en deux ans pour mieux suivre les cours (SVT et géopolique notamment) avec l’idée de rejoindre le Creps de Wattignies pour y préparer un brevet d’éducateur sportif et se dégager du temps pour l’entraînement qui reste la clef de la réussite. Aux championnats d’Europe, en juin, les choses s’étaient plutôt bien passées avec son coéquipier alors qu’ils naviguaient ensemble depuis seulement quelques semaines. Cette fois, il espère entrer en Finale A. Après, tout est possible. « Il faut voir les choses par étapes ».– Philippe ACCART / Votre Info pour ASL